30/09/2009

Rencontre manquée avec Beckett au fond d'une poubelle à roulettes sur la route de la gare

Une rue presque déserte. Le soleil du petit matin derrière les nuages annonce une journée douce. Sur une place de parking le long du trottoir, un homme immobile, de dos, il ne s'appelle pas Sam, est penché au-dessus d'une poubelle ouverte posée sur une armature en métal munie de deux grosses roues de caoutchouc noir. Deux manches dépassent. Celui de la pelle sur la droite. Celui du balai brosse appuyé sur le devant. La silhouette de l'homme est soulignée par deux bandes phosphorescentes sur un gilet vert. Il marmonne par intermittence au-dessus de la poubelle, accoudé aux poignées qui servent à la pousser. Les propos sont incompréhensibles, adressés à quelqu'un ou quelque chose au fond de la poubelle. L'homme a le corps grand et sec, courbé. Difficile jusque là de savoir si cette inclinaison est le pli naturel de son corps. Ses jambes flottent dans son pantalon noir sous la lumière jaune du réverbère à sa verticale. Il se redresse brusquement, regarde vers le lointain, en silence, comme s'il écoutait les bruits de la ville. Un temps. Il se penche à nouveau. Sa voix prend maintenant des articulations plus distinctes, plus proche d'un langage qui pourtant reste encore inintelligible. Silence. Il reprend, courbé toujours, voix bougonne : - Quoi, qu'est-ce tu dis tes enfants ! C'est aussi les miens ! Il montre à cet instant son profil gauche. Un fil noir descend de son oreille jusqu'au petit boîtier noir brillant de son téléphone serré avec colère dans sa main droite.
Eh merde ! Fin de partie...

1 commentaire:

Marion a dit…

(sourire) (un temps)