tête à l'air

Le sens de la marche

N'avoir aucun sens de l'orientation présente cet avantage de ne jamais savoir dans quel sens le train partira, de ne jamais savoir si on verra le quai s'éloigner ou s'il disparaîtra dans notre dos. Si on ira à la rencontre du paysage ou si on le laissera filer.
Le voir grandir ou le contempler dans une réduction toujours renouvelée.
S'éloigner ou se rapprocher : être ou ne pas être dans le sens de la marche dit un peu si l'on part ou si l'on revient.
Être ou ne pas être dans le sens de la marche peut donner au voyage l'inconfort de ce que l'on n'attendait pas. Prendre ses valises pour tout laisser derrière soi, et pourtant avoir tiré la place qui laissera le quai dans la ligne de mire. Avoir la nausée du départ, ce mal de mer qui fait chercher la ligne d'horizon rassurante du quai et pourtant avoir tiré le numéro qui oblige à regarder devant, le décor inconnu.
On peut se livrer aussi au hasard, se glisser dans le sens ou le contre-sens.
On peut ne pas se laisser imposer un sens et attendre le départ pour choisir sa place.
On peut enfin, dans l'indécision la plus totale, passer le trajet dans les toilettes.