28/01/2010

L'écriture bloguesque se fait dans un espace restreint qui joue sur le fil de l'intime et du public puisque l'on poste un message, on le publie comme l'indique l'encadré orange "publier le message".
Cette frontière à l'orée de la publication permet à chacun de décider de ce qu'il en fait. La franchir par exemple pour proposer au lecteur une prise directe avec sa vie (chercher l'amour, célébration d'un enfant disparu...), lui offrant ou non (rarement non) l'espace du commentaire qui en direct ou en différé vient déployer, critiquer (au sens du regard posé sur) le message. Ce commentaire rejoue ainsi, dans l'anonymat ou dans la possibilité d'identification qu'il propose, le principe du partage de lecture d'un roman par exemple.
Il me semble donc qu'il y a dans la pratique du blog un fantasme d'écriture, voire d'écrivain, fantasme-fantôme.
L'écriture du message s'ouvre à un potentiel de lectures monstrueux, même si l'on sait que seuls quelques fidèles, égarés ou promeneurs s'arrêteront régulièrement ou ponctuellement. Et le succès d'un blog serait aussi à étudier dans le sens de ce qui peut on non faire le succès d'un livre : sujet, écriture, bouche à oreille, écho dans les médias, renommée de la personne au-delà de tout contenu.
Pour moi, et je renvoie ici au message d'ouverture de ce blog quant au sens que je donne à ce moi, l'espace du blog (et merci à M M S de m'en avoir ouvert la voix) est intéressant pour le mouvement de curseur qu'il autorise entre intime et public. A savoir jouer sur l'implicite qui rendra un message seulement compréhensible littéralement par une ou deux, trois personnes, ou jouer sur l'ouverture d'un texte à une réception plus large, potentiellement plus large. A chaque fois se rejoue donc la question de la destination. D'où aussi la présence de photos qui en elles-mêmes sont ces variateurs qui vont de ce qui peut me fasciner, constituer des figures fondamentales à ce que chacun peut voir à sa façon. Le texte qui accompagne n'est plus alors qu'un filigrane.
Ainsi l'exploration de ce blog, la lecture des messages qui peut être linéaire, fragmentée, parcellaire, en diagonale, traverse-t-elle ces différentes strates. Elle peut dérouter. J'entends tout à fait les résistances de sens qui s'y nouent, mais tous ces messages sont autant de regards lancés autour, à l'intérieur, ils sont aussi des miroirs, des traces d'écriture qui parfois disent le besoin d'une histoire, d'une phrase, d'une connivence, d'un sourire, d'un temps de réflexion, d'une tentative. Mais quoi qu'il en soit, je ne peux m'installer dans l'écriture, même d'un blog dans l'idée d'une eau clair où chacun pourrait se baigner. Ce n'est pas une exclusion du lecteur, juste une façon d'investir un espace, de l'investir en déplacement de lignes.
L'immédiateté n'est pas nécessairement transparence, et la toile qui semble vouloir retourner au fantasme de la maîtrise (moteurs de recherche, instantanéité, absence de frontière, encyclopédie, accès au sens...), doit garder ses espaces qui y échappent tout en en jouant.

2 commentaires:

Marion a dit…

Bref, tu fais comme Mallarmé ;-)

petiteneige5963 a dit…

J'ai pris le temps de lire ce que vous avez réussi à expliquer ici à propos de votre blog , j'ai saisi votre besoin de maitrise réelle et personnelle et je le comprends; je blogue autrement ,je suis différente aussi , bonne nuit et merci des précisions .