Un jour de mars, il y a quelques années, j'ai fait entrer les élèves d'une classe de seconde un par un dans la classe en leur demandant de faire un crochet par une fenêtre de la salle que j'avais laissée ouverte. La consigne était simple : prendre 15 secondes pour regarder par la fenêtre et laisser sa place. Quand tout le monde a été assis, j'ai posé la question : "Qu'avez-vous vu ?" Aucune des réponses n'a évoqué les bourgeons au bord de l'éclat qui se trouvaient à un mètre ou deux et qui, sous le soleil m'avaient mis les larmes aux yeux quelques minutes auparavant, en les attendant. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'avais vu ces bourgeons comme plus jamais. Et nous avons discuté littérature sans pourtant aller au bout de la question : la nature imite-t-elle l'art et la réalité la fiction ?
Quatre ou cinq ans plus tard, à l'occasion d'une soirée Printemps des Poètes, un ancien élève que je reconnais à peine vient vers moi et ses premiers mots sont : "Alors, vous faites toujours regarder vos élèves par la fenêtre ?" Il avait sous le bras des exemplaires d'une revue de poésie dont il assurait la diffusion.
Il ne faut peut-être pas trop oublier ce que la nature doit à l'art.
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