"Oui mais la fiction ment.
Elle comble les interstices d'imaginaire de ragots, de diffamations qu'elle invente au fur et à mesure pour avancer le récit à coups de schlague. Elle est née de mauvaise foi, comme d'autres naissent bleus ou complètement idiots. D'ailleurs, elle est souvent bête. Quand la logique ralentit sa course, elle fait sauter l'intelligence comme un obstacle.
[...]
Je suis un romancier, je mens comme un meurtrier.
[...]
Écrite par des bourgeois conformistes qui rêvent de médailles et de petits châteaux, la littérature est voyou. Elle avance, elle détruit. C'est son honneur, sa manière d'être honnête [...]
Personne n'est jamais mort dans un roman. Car personne n'existe dedans. Les personnages sont des poupées remplies de mots, d'espaces, de virgules, à la peau de syntaxe. La mort les traverse de part en part, comme de l'air. Ils sont imaginaires, ils n'ont jamais existé. Ne croyez pas que cette histoire est réelle, c'est moi qui l'ai inventée. Si certains s'y reconnaissent qu'ils se fassent couler un bain. La tête sous l'eau, ils entendront le cœur battre. Les phrases n'en ont pas. Ils seraient fous ceux qui se croiraient emprisonnés dans un livre."
Elle comble les interstices d'imaginaire de ragots, de diffamations qu'elle invente au fur et à mesure pour avancer le récit à coups de schlague. Elle est née de mauvaise foi, comme d'autres naissent bleus ou complètement idiots. D'ailleurs, elle est souvent bête. Quand la logique ralentit sa course, elle fait sauter l'intelligence comme un obstacle.
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Je suis un romancier, je mens comme un meurtrier.
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Écrite par des bourgeois conformistes qui rêvent de médailles et de petits châteaux, la littérature est voyou. Elle avance, elle détruit. C'est son honneur, sa manière d'être honnête [...]
Personne n'est jamais mort dans un roman. Car personne n'existe dedans. Les personnages sont des poupées remplies de mots, d'espaces, de virgules, à la peau de syntaxe. La mort les traverse de part en part, comme de l'air. Ils sont imaginaires, ils n'ont jamais existé. Ne croyez pas que cette histoire est réelle, c'est moi qui l'ai inventée. Si certains s'y reconnaissent qu'ils se fassent couler un bain. La tête sous l'eau, ils entendront le cœur battre. Les phrases n'en ont pas. Ils seraient fous ceux qui se croiraient emprisonnés dans un livre."
R.J.
(extraits du Préambule de Sévère, dernier roman de Régis Jauffret sorti cette semaine aux éditions du Seuil. Tiens, il a changé de crèmerie...)
" Les histoires d'amour échouent cahin-caha dans un bourbier. Elles explosent contre un mur qu'elles avaient construit pierre à pierre." (Régis Jauffret, Sévère)
Cet extrait de la page 27, juste pour inviter à appliquer la théorie du préambule !
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