02/11/2010

Mathias Enard est un conteur. J'en ai eu l'intime conviction après le Bréviaire des artificiers. J'en ai eu la confirmation en dévorant Zone. J'en ai eu le nectar avec Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Il y a en Mathias Enard, en son écriture, son souffle, une capacité de modulation fascinante. Il y a en lui des strates de langues qui ne lui sont plus étrangères, de cultures qui lui sont devenues familières. Lisant son dernier opus, j'ai senti des traversées douces et foudroyantes ; dans ce Michelangelo et son pont comme deux mains entre deux rives, je l'ai perçu, lui, le conteur, celui qui prête sa voix à la mémoire, parce qu'il sait aussi avoir cette grande humilité là. Je l'ai senti, lui, l'auteur, chercher le lien dans ce qu'il ne connaît pas et décide d'habiter, Michelangelo à Contantinople.
Mathias peut vous fredonner le Bist-du bei mir de Bach en évoquant à votre invitation Katleen Ferrier et vous emporter ensuite dans les ruelles les plus sombres de la Méditerranée ; Mathias peut vous plonger dans les contes les plus cruels de notre Histoire (ceux qu'au fond cette dernière semble affectionner) et vous laisser dans la vapeur enivrante du savoir, de la connaissance, aux frontières des altérités rêvées.
Il y a pour lui, en tous ces chemins, des passages dont il a le secret et qui me fascinent.

1 commentaire:

maud a dit…

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