23/09/2009

Hommage à une cuisine nantaise

Il existe à Nantes, pas très loin de la rue des Papillons, une cuisine à la lumière presque parfaite. En surplomb d'une margelle, l'alignement continu des fenêtres coulissantes ouvre sur un jardin équilibré, dans son asymétrie.
Là, le soleil du matin traverse le double vitrage, glisse sur l'alu brossé du frigo, ricoche sur les plaques en vitrocéramique, réchauffe le bois ajouré des petites tables contre la fenêtre. Là, il est bon de s'installer dans l'écriture, de retailler les phrases, de désherber l'histoire, de voir l'ombre portée d'un personnage se confondre avec celle penchée de l'eucalyptus.
Là, dans ce dedans aussi des jours qui passent, des repas ou des factures à traiter, des verres de blanc de l'apéro, quelque chose fixe un peu le temps, le ralentit. Une branche d'orchidée. Patiente et silencieuse, si discrète quand elle est nue, elle étire le temps dans l'incertitude du bourgeon, du cycle aléatoire de sa floraison en taffetas blanc. Cette branche crée, à la savoir là, un autre espace, un autre temps qui permet de reprendre, relire, repriser, relier, avancer, tisser.
Dedans, dehors devient spectacle, quel que soit le temps, qu'il fait.
Dehors a eu aussi sa scène idéale. Une table, le soleil dans le cou, le sentiment d'être là, dans l'énergie de la pesanteur qui libère quelques mots : Angélique boxe, boxe. Le sac accuse les coups, se balance...
Dedans, une année plus tard, j'ai pu oser donner à lire.

2 commentaires:

Marion a dit…

cuisine... ma muse...

Maudkl a dit…

la cuisine nous aime aussi...