Franck Venaille
La descente de l'Escaut
Poème
(Ed. Obsidiane)
(extraits d'une œuvre à fréquenter au fil de son courant magnifique)
La descente de l'Escaut
Poème
(Ed. Obsidiane)
(extraits d'une œuvre à fréquenter au fil de son courant magnifique)
"Ils dorment côte à côte
Chacun guette le réveil de l'autre
ça ! comme il le craint !
Il se fait un étrange silence craquelé
par le bruit d'eau de ses larmes
A elle !
Leur nudité du lever du lit les gêne
Ils s'en font une armure bruyante
un hourvari de cris de goélands
Tous deux !
Il va Murmure Et menace
jusqu'aux algues qu'une maladie ronge
Il se blesse dès qu'il agit
Elle se regarde devenir un symbole blond
Pudeur !
Ils dorment encore côte à côte."
"Tous ces ciels gris qui se déplacent L'
eau désormais si noire et - par dizaines -
les fanaux rouges et bleus Tiens ! les
larges plaies blanches du fleuve ont dis-
paru Et qu'en est-il de toi (voyageur) ?
Qui te pousse dans cette quête d'absolu ?
Et que t'a fait ce monde où les deux ri-
ves elles-même se hèlent, séparées l'une
de l'autre Mais par qui ?"
"On marche dans la fêlure intime du monde
Ces soubresauts nés de la douleur primitive
Quelle est la voix qui le dira ? Quel sera
ce corps qui saura mener jusqu'à son terme la
Valse triste ? Une voix s'élève à l'intérieur
De nous-même - voix chère - exprimant ce qui s'
Apparente à l'expression de la plainte première
Je suis cet homme-là qui, tant et tant, crut aux ver-
Tiges et qui, désormais, dans la déchirure du lan-
gage se tient, regard clair, miné toutefois, blessé
Dans la fêlure du monde où les plaies suintent "
" J'ai droit au repos du chevalier Dé-
sormais je ne partirai plus vers quel labeur
Et je suis ce centaure qui s'éveille et geint
Autour de lui les aveugles s'affolent craignant
Ses ruades Ô grand cheval qui, autrefois, tractais
vers la berge les navires, te voilà effacé Il ne
demeure de toi que ce signe sur cette feuille
Sont-ce tes traces dernières ? Ta signature de sabot ?
Ébroue-toi ! Redonne-moi confiance ! Plongeons-en-
Semble Je saurai bien te faire retrouver cette joie
enfantine que tu poursuis sur la rive noyée à demi."
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