Hommage à une cuisine parisienne
(moment de révisions des Destinées féminines)
(moment de révisions des Destinées féminines)
Lumineuse, blanche, tranquille.
Table ronde, haute, chaises de bar.
Le soleil en fond le matin qui peu à peu se rapproche, vient se glisser, s'invite sur la table.
Et sur le rebord de la fenêtre, les pigeons vont et viennent.
Je finis par en repérer deux, de calibres mâle et femelle. Elle, nous dirons elle, a la tête fine, les yeux d'un orange attentif. Selon le canon de la beauté pigeonnesque, elle me semble fine. Lui, puisqu'il faut dire lui, à l'oeil orange aussi mais auréolé de blanc, pour chaque oeil. Cela lui donne indéniablement une tête d'abruti. Elle, le cou tendu, la tête penchée, semble à l'écoute intelligente du monde autour, me laissant même m'interroger : "mais que regarde-t-elle avec insistance ? Qui semble-t-elle inviter du regard ?"
Lui.Lui, qui la rejoint après quelques "je m'en vais si tu arrives, va-t-en si j'arrive".
Lui, ébouriffé, commence à s'astiquer frénétiquement les plumes avec son bec. Soit. Bouffi, il est juste ridicule. Pourtant elle s'approche et brutale, vient fourrer son bec fin dans celui de l'autre, lui. Les gorges palpitent, lui régurgite. Elle se régale. Lui s'astique à nouveau de son bec à texture d'huître, elle refourre son bec joli et se régale encore, remerciant cette fois l'offrande digestive par un aplatissement de son tout corps sur le rebord. Lui, hein quoi, que se passe-t-il, tu t'es aplatie, pardon je n'avais pas vu, je m'astiquais les plumes.
Et elle, et lui, continuent. Elle semble presque s'en amuser, jusqu'à ce que Lui tente finalement un premier assaut. Mais sa patte droite transgénique à trois doigts, dont l'un tout rabougri, le déséquilibre et Lui balance magistralement sa queue terne dans le visage de dame Pigeonne.
Mais la nature a ses lois que la raison ne connaît pas...Alors elle reste et lui, au deuxième essai, quinzième ritournelle, lui grimpe sur le dos. Lui l'équilibriste s'installe, lui la piétine consciencieusement, lui n'a semble-t-il pas le pied marin... roulement de tambour, le vide du rebord les guette, roulement de tambour... ah ben non, pas le temps, un, deux,t... c'est fini. Le temps de battre des ailes, d'écarter les plumes et le tour est joué.
Elle et lui sont maintenant chacun à une extrémité du rebord. Ils s'ignorent, même si leurs regards à 180° imposent qu'ils se voient.
Lui s'envole le premier.
Elle reste un peu. Le soleil chauffe son plumage. Le printemps est doux. Les pollens volent dans l'air.
Picoti, picota...
Une petite crotte et elle s'envole
Lui s'envole le premier.
Elle reste un peu. Le soleil chauffe son plumage. Le printemps est doux. Les pollens volent dans l'air.
Picoti, picota...
2 commentaires:
Je t'envoie aussi du sirocco pour mardi (je souffle déjà, là !)
Ah ! mardi c'est aujourd'hui, en fait ! C'est fini, même, sûrement...Bon mais je t'embrasse fort quand même
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