10/01/2011

Marivaudage : "Propos de galanterie délicate et recherchée" (Diderot : "préciosité, recherche dans le style et dans les sentiments")

Galvaudage : "Action de galvauder" = galvauder : "mettre en désordre, gâter, gâcher" ou "compromettre par un mauvais usage"

Ces deux définitions extraites du Dictionnaire culturel montrent bien en quoi parler de marivaudage pour Marivaux équivaut à un galvaudage ; car si Diderot (meilleur lecteur habituellement) l'associe à la préciosité, il n'en reste pas moins que pour moi, réduire Marivaux à la galanterie c'est le gâter !
Retournant à son écriture par les Fausses confidences ou La Surprise de l'amour ou encore le Spectateur français, j'ai retrouvé en cet auteur un art du théâtre et une acide acuité du regard qui me fascine.
Retournez à ses pièces, et voyez comme le langage manipule, use de la vérité et du mensonge pour faire tomber les masques multiples dont on recouvre sa parole, ses gestes, son corps ; entendez comme le langage y est pointé, souligné, déjoué, dénoncé comme code vide ou tronqué ; observez comme le cheminement de l'aveu n'a rien de galant ou de précieux, de léger ou d'anodin, mais comme il engage toute la personne, comme il implique une révolution intérieure de l'individu qui se doit alors de changer de repère, de changer de langage.
Marivaux est un grand dramaturge du langage et du corps, des violences qu'ils nous imposent ou que nous leur imposons, tant sur le plan social que sur le plan sentimental. Marivaux n'est pas précieux, non, il a l'élégance du misanthrope (bien plus intéressante à mon goût que la misanthropie d'Alceste) qui n'en fait pas un drame, mais une comédie, qui n'en fait pas des diatribes, mais des jeux de décryptage passionnants et bien plus subversifs qu'un simple marivaudage de dictionnaire.
Marivaux est un prédateur de faux-semblants (entendez comme Dubois, double de Marivaux sans doute dans les Fausses confidences, fait de son stratagème une chasse à courre pour piéger Araminte) ; un braqueur de coffre-fort où presque chacun de ses personnages enferme le décryptage de ses langages (car nous savons nous en inventer de multiples...).

Marivaux a perçu comme la scène et son quatrième mur sont un révélateur, un détonateur.

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