Ahh, la Sanseverina !
Je relis peu, ou pour des raisons professionnelles. La Chartreuse de Parme fait partie des rares livres que j'ai lu trois fois, entre 18 et 22 ans. Pour Stendhal ? Pour ce Stendhal là, oui, celui qui regarde vers l'Italie, vers Rossini, pour le Stendhal de l'élan, de la logorrhée, pour le Stendhal du lien particulier de l'embrassement narquois et fasciné de ses personnages. La Chartreuse m'a effectivement fasciné pour ses glissements de voix, ses passages à la voix intérieure du monologue, de l'introspection en miroir du monde. La Chartreuse a compté avec discrétion et ce que j'appellerai gauchement de la légèreté, quand d'autres m'ont marqué avec trop de retentissements. Et mon passage à l'écriture romanesque s'est fait, je pense, sous l’œil silencieux et complice de ce Stendhal là. Le Stendhal des happy few que sont ses personnages.
Et puis je l'ai relu, vingt ans plus tard.
Vingt ans, ça calme. Enfin, ça décile. Ou plutôt ça... change, tout simplement. L'oeil grandit, vieillit sans doute, mais la Sanseverina, elle, pas une ride. Fabrice, lui, je l'ai perdu, dans cette voix étrange et presque déplacée qui l'a soudain rapproché de Julien Sorel qui m'a toujours laissé assez de glace. Avec sa Madame de Rénal aussi d'ailleurs (le Stendhal absolu, pour moi, n'est pas là)... A vingt ans d'intervalle, seule la Sanseverina a gardé son pouvoir qui, à vingt ans, était en fait déjà au coeur de cette attraction pour ce roman. Finalement, Fabrice n'y était pas pour beaucoup, pris dans cet écart entre l'idéal et le nombril, que je pouvais concevoir par une forme de désenchantement naïf et de repli, mais non pas éprouver par identification, tant, outre les morts bien sûr, il y a loin tout de même entre Napoléon et Mitterrand... peut-être le fantôme de la révolution, mais alors bien usé, élimé, épuisé par le réel et les discours (pour ma génération s'entend).
Enfin, faut-il le dire pour confirmer que vingt années ont passé, le Comte Mosca a pris cette quatrième fois sa place pleine et entière quand alors il n'avait été qu'une lumière seulement destinée à révéler la duchesse Sanseverina, l'héroïne, la femme.
La Chartreuse de Parme a ceci de puissant et de redoutable : Stendhal y développe dans une urgence de parole les voix d’adolescents (Clélia bien sûr qui toutefois n'a jamais pu prétendre, à la différence de Fabrice, rivaliser avec la Sanseverina), de femme, d'amant courtois un peu vieilli mais pas vieillot.
La Chartreuse est un continent (incontinent si l'on veut, tant logorrhée peut trouver sa périphrase en diarrhée verbale pour les anti-Stendhal). Il est mon continent dirons-nous alors, qui, réexploré, a pris un autre relief auquel je dois m'habituer sans le rayer de ma carte.
Et puis je l'ai relu, vingt ans plus tard.
Vingt ans, ça calme. Enfin, ça décile. Ou plutôt ça... change, tout simplement. L'oeil grandit, vieillit sans doute, mais la Sanseverina, elle, pas une ride. Fabrice, lui, je l'ai perdu, dans cette voix étrange et presque déplacée qui l'a soudain rapproché de Julien Sorel qui m'a toujours laissé assez de glace. Avec sa Madame de Rénal aussi d'ailleurs (le Stendhal absolu, pour moi, n'est pas là)... A vingt ans d'intervalle, seule la Sanseverina a gardé son pouvoir qui, à vingt ans, était en fait déjà au coeur de cette attraction pour ce roman. Finalement, Fabrice n'y était pas pour beaucoup, pris dans cet écart entre l'idéal et le nombril, que je pouvais concevoir par une forme de désenchantement naïf et de repli, mais non pas éprouver par identification, tant, outre les morts bien sûr, il y a loin tout de même entre Napoléon et Mitterrand... peut-être le fantôme de la révolution, mais alors bien usé, élimé, épuisé par le réel et les discours (pour ma génération s'entend).
Enfin, faut-il le dire pour confirmer que vingt années ont passé, le Comte Mosca a pris cette quatrième fois sa place pleine et entière quand alors il n'avait été qu'une lumière seulement destinée à révéler la duchesse Sanseverina, l'héroïne, la femme.
La Chartreuse de Parme a ceci de puissant et de redoutable : Stendhal y développe dans une urgence de parole les voix d’adolescents (Clélia bien sûr qui toutefois n'a jamais pu prétendre, à la différence de Fabrice, rivaliser avec la Sanseverina), de femme, d'amant courtois un peu vieilli mais pas vieillot.
La Chartreuse est un continent (incontinent si l'on veut, tant logorrhée peut trouver sa périphrase en diarrhée verbale pour les anti-Stendhal). Il est mon continent dirons-nous alors, qui, réexploré, a pris un autre relief auquel je dois m'habituer sans le rayer de ma carte.
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